That-guy

That guy's life

Dimanche 23 novembre 2014 à 16:26

Ca fait 20 bonnes minutes que je suis là a essayer d'écrire ce que j'ai en tête. Mais j'arrive pas. Je sais pas par ou commencer.
Je suis en chantier. J'ai l'impression que mon esprit est un champ de bataille, complétement retourné, démonté, labouré, brulé. Il se passe tellement de chose, je n'arrive même pas a me fixer sur une idée précise. C'est pas nouveau, ça a toujours été comme ça, mais rarement avec une telle intensité.
La vérité, c'est que je ne vais probablement pas bien. Pas bien du tout. Alors mon esprit fais la seule chose sensée qu'il puisse faire : il se protège. Il se met en chantier. Il recrée ce mur qu'il m'a fallu des années pour pouvoir briser. Il s'enferme. Se bloque. Se met au travail pour enterrer ce qui est dangereux tel des produits chimiques sur un site d'enfouissement.
Il m'a fallu des années à l'époque pour en venir au point ou je suis aujourd'hui. Pour admettre mes erreurs, et tenté de les corriger. Tenter d'apprendre quelque chose pour devenir meilleur. Mais c'est trop tard. On ne peut pas faire marche arrière et réparer ce qui a été cassé. Pas a ce point. J'y ai cru, mais c'est trop tard. J'ai changé trop tard.
Mais il n'est pas trop tard pour changer encore.
J'ai cru qu'en m'autorisant à ressentir, je pourrais faire mieux, faire le bien. J'ai cru que je pourrais trouver une solution pour que les choses rentrent dans l'ordre, pour réparer mes erreurs ou au moins trouver un moyen de ne plus les refaire. Mais ca n'a pas marché. Ressentir, accepter ces émotions et me laisser guider de la sorte était une erreur. Ca ne m'a apporté que du mal. On s'est moqué de moi. On m'a trahi. Et au final, j'ai encore perdu.
Je me suis attendri, j'ai laissé cette partie de moi capable de ressentir, capable de bonté reprendre le dessus, et c'était un échec.
Mais j'ai appris. J'ai appris que ressentir était mauvais pour moi. Peut-être que je ne suis juste pas fait pour ça. Pour avoir une vie normale. Trouver l'amour, être heureux. Être compris. Peut-être que cette voie là s'est fermé ce jour-là par ma faute. Peut-être que c'était la seule façon, et je l'ai raté. Peut-être. Pour l'instant, c'est ce qu'il semble. Mais ça ne veut pas dire que tout est fini. Il me faudra juste du temps pour l'accepter. Mais j'y arriverais. Je pourrais m'y résoudre. Je trouverais comment, et je m'y ferais, et lorsque ce sera derrière moi je laisserais cette partie de moi ici, et j'avancerais vers ce que j'ai à faire. Froid et implacable. 
Peut-être était-ce nécéssaire. Que comme le papillon de nuit, j'essaye de me rapprocher de la lune, pour me rendre compte avec effroi qu'il s'agissait d'une chandelle qui m'a brulé les ailes. La lune est encore là, inaccessible, mais aujourd'hui je comprends qu'elle n'est pas pour moi. Je ne suis pas fait pour l'atteindre, mon rôle est de rester ici bas, faire ce que je j'ai à faire dans le temps qui m'est imparti.
Les choses auraient pu être différentes pour moi.
Peut-être même que j'aurais pu être heureux, moi aussi.

Jeudi 20 novembre 2014 à 22:17

 J'ai beaucoup de mal avec les fins dans les relations. Amicales, amoureuses, peu importe. C'est la même chose pour moi.
Evidemment, dire ça aux autres seraient très compliqué, surtout pour leur expliquer. Après tout, le plus souvent, c'est ma faute ce qu'il se passe. Alors leur expliquer le mal que ça me fait est quasiment impensable. J'ai essayé pourtant, évidemment. Mais rien a faire. Bien sur, je comprends. Pour eux, c'est moi qui suis juste trop bizarre, trop instable ou que sais-je encore. Ils ne voient pas ce qui se passe derrière. Souvent, ils ne comprennent pas pourquoi j'agis comme ça, ni ce que ca me fait de les voir partir.
Certes, peut-être que ma façon de voir les choses n'est pas facile à saisir non plus. Je crois que c'est juste de la peur au fond. De la peur d'être seul. D'être pas important. Ca parait rien comme ça, mais certaines choses ont tendances a prendre des proportions un peu démesurée parfois. C'est un des problèmes que j'ai j'imagine. J'intellectualise trop. Je pense trop. Penser c'est mal. Comme ressentir. Ca amène des problèmes, des peurs. Je réagis mal à tout ça. Je ne sais pas ce qui se passe, j'essaye juste d'avoir quelque chose. Juste une phrase, un mot qui montre que je suis important, qu'on tient à moi. Que quelqu'un tient à moi. Mais ils ne comprennent pas. Et ça m'énerve.
Je demande pas grand chose. Ca parait idiot pour beaucoup de gens, parce qu'ils ne voient pas comme je vois. Et c'est normal, je sais que je ne vois pas comme les autres maintenant. Mais ça me fait mal, parce qu'ils ne voient pas que je demande quelque chose de simple, quelque chose qui devrait être naturel. Mais ca ne vient jamais. Et on fini par se séparer. Je passe pour quelqu'un de bizarre, encore. Et ils ne se rendent pas compte que j'en souffre. Que je ne veux pas qu'ils partent. Et quand c'est trop tard, je vois tout ce qui aurait pu se passer. Tout ce qui aurait pu être différent, ce qui aurait pu marcher. Je me dis que j'aurais du essayer autre chose, être autrement, faire autrement. Je comprends pas pourquoi ils n'arrivent pas à voir ou a sentir ce que je vois.
Je suis perdu, triste et déçu. Blessé. Mais personne ne le sais, parce que c'est pas normal. Parce que pour eux, je ne peux pas ressentir ça, alors que c'est moi qui suis la cause.
Je crois que j'aimerais juste quelqu'un qui puisse comprendre que dans ma tête, c'est constamment le chaos. Que parfois (souvent), j'ai trop d'émotions et que j'arrive pas à les controler. Parfois je me laisse juste submerger, et j'arrive plus à réfléchir. J'aimerais juste quelqu'un qui comprenne ça, et qui sache faire face. Quelqu'un qui ne parte pas au moindre problème.
Juste quelqu'un qui comprenne qu'il suffit d'un calin.

Lundi 17 novembre 2014 à 22:17

 Je suis un grand fan de comics. C'est pas nouveau, je crois que je l'ai déjà dit.
Du coup, j'imagine que c'est normal de rêver d'avoir des super pouvoirs et tout.
Pouvoir être invisible, voler, tout ça... J'aimerais bien pouvoir voler. J'en rêvais beaucoup à une époque, quand j'étais adolescent. Je rêvais que je faisais des trucs, genre me balader, et puis d'un coup je m'envolais. Voler a toujours été quelque chose qui m'attirait. Ce sentiment de liberté. Ne plus être soumis aux problèmes terrestres. Ce sentiment d'être au dessus de tout.
Encore aujourd'hui, j'aimerais bien pouvoir voler. Juste partir, loin de tout, du bruit, des gens. Des problèmes. Aller là haut, loin, seul avec mes pensées. Comme superman.

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C'est quelque chose que j'aimerais. Ca me ferait du bien.

Mais c'est le cas de beaucoup de gens je crois. Voler est surement un des pouvoirs les plus appréciés je dirais. Avec l'invisibilité. Mais être invisible, j'en ai suffisamment, alors je passerais pour ça.
Un autre que j'aimerais, c'est pouvoir aller vite. Genre super vite. Comme Flash ou Quicksilver.
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La vitesse. J'ai toujours aimé la vitesse. C'qui est assez ironique pour quelqu'un souvent peu ponctuel comme moi. Mais j'aime ça. Aller vite. Pouvoir être à un endroit un instant, et à des kilomètres de là en quelques secondes seulement. Pouvoir aller n'importe en quelques instants, et être de retour aussi vite.
La téléportation aussi serait bien, quoi que moins drôle que les deux précédents, mais tout de même. Pouvoir aller a n'importe quel endroit juste en y pensant (cf Jumper, un film pas mal d'ailleurs).
Mais maintenant que j'y pense, et que je regarde ce que j'ai écrit, les pouvoir que j'ai listé là sont tous des pouvoirs qui me permettraient de partir. Des pouvoirs de fuite en quelque sorte. Ca veut probablement dire quelque chose. C'est sûr même. Je le sais que j'aimerais pouvoir partir d'ici. Aller loin. Être libre. C'est probablement pour ça, car autrement je sais que la liste serait différente. Il y a beaucoup d'autres choses que j'aimerais pouvoir faire.
Mais comme disait l'oncle Ben, "un grand pouvoir implique de grandes responsabilités."

Lundi 17 novembre 2014 à 16:30

 Je ne sais pas pourquoi je continue d'écrire ici.
C'est assez étrange. J'en dis plus sur moi ici qu'à la plupart des gens que je connais. On pourrait même probablement dire que ceux qui lisent ce qu'il y a ici me connaissent mieux que ceux qui me connaissent "vraiment". Pourtant on ne se connait pas.
Pour ce que j'en sais d'ailleurs, si ça se trouve, personne ne lis réellement ce qu'il y a ici. Peut-être quelqu'un passe de temps en temps, pour voir. Une sorte de voyeurisme accepté puisqu'après tout, j'accepte de mettre tout ça ici, sur internet. Là ou des inconnus curieux peuvent tout lire, tout savoir. C'est pas vraiment mon genre pourtant de laisser trainer ce genre de choses là dehors. A la portée de tout le monde et, surtout, de n'importe qui.
Pourtant, ici, je le fais. Et il y a des gens qui viennent lire. Des gens que je ne rencontrerait probablement jamais. Sur qui je ne sais rien. Mais à qui je montre des bouts de moi que peu d'autres voient. C'est assez paradoxal. Assez étrange.
Mais j'aime imaginé que, parmi toute la foule anonyme de ceux qui passent ici par voyeurisme (c'est du voyeurisme après tout, c'est pas un réel intérêt, ou un désir de savoir ou quoique ce soit, juste de la curiosité, le plaisir d'être là, comme un observateur invisible, de voir sans être vu, et repartir quand c'est assez), parmi tout ces gens sans visages, que peut-être il y a une personne différente. Peut-être quelqu'un qui passe ici parce qu'il y a quelque chose qui s'est créé. Une sorte de lien invisible, comme celui qui peut nous attacher à un personnage de roman, ou de télé qu'on apprécie, et auquel on s'identifie, ou dont on tombe "amoureux". Un attachement a sens unique, puisque nous l'observons, mais lui ne nous vois pas. Il n'est même pas conscient de notre existence car il est dans un autre monde. J'aime penser que la même chose se produit peut-être ici. Une personne, quelque part qui, derrière son écran, lis tout ça et ressent quelque chose. Une personne qui ressent les mots, et les émotions derrière ces mots. Qui viendrait lire ici, pas juste par curiosité, mais à cause de quelque chose de plus puissant.  Quelqu'un qui serait attiré par ce qu'elle peut lire, par ces petits bouts de mon âme, de mon esprit que je laisse trainer négligemment ici.
Peut-être quelqu'un comme moi, ou de complétement différent.
C'est peu probable, mais j'aime imaginer ça. Me dire que peut-être, dans une réalité alternative, cette personne un jour, prends le courage d'écrire quelque chose. Un mot. Une phrase. Une manière innocente de rentrer en contact avec un personnage sans forme et sans visage, qu'on ne connait que par les mots qu'il pose ici et là. Et un lien qui se crée entre deux monde, deux être distants. Comme une graine plantée ici, et qui en germant unirait le sol dans lequel elle pousse, et le ciel vers lequel elle grimpe.
J'aime imaginer qu'après un tant, il y aurait les possibilités de quelque chose. Quelque chose qui serait parti de quelques mots posés, qui auraient entrainé d'autres mots, et ainsi de suite...
J'aime imaginer ça. J'aime imaginer que tout ça n'est pas vain, et que par mes mots je peux toucher quelqu'un, ailleurs. Comme une main tendu dans le noir, avec l'espoir que quelqu'un l'attrape et ne la lacherais plus.
Mais j'imagine beaucoup. Je suis doué pour ça. Je pourrais imaginer toutes les possibilités de là. Comment peut-être on deviendrait amis, parce qu'elle saurait des choses que personne d'autre ne sait, et que ça résonnerait en elle. Ou comment elle verrait de la lumière là ou je ne vois que des ombres, et elles essayerait de me faire partager ça. J'aime imaginer des choses de nulle part. Je pourrais imaginer un monde, un univers entier, mais ça n'en serait pas moins un univers imaginaire.
Ici, il n'y à rien. Juste mes mots, mes émotions brutes, sans parures, sans masque. Et des gens qui passent. Une main tendue, et de l'espoir, mais rien que de la curiosité en retour. Comme une personne en train de couler, le bras tendu vers la surface, dans l'espoir que quelqu'un soit là, de l'autre coté.
Mais les oiseaux volent haut dans le ciel, et je ne suis qu'une distraction, une curiosité temporaire, une anomalie sur la surface.
Les oiseaux volent, haut dans le ciel, et ils ne s'arrêtent que par curiosité.

Samedi 15 novembre 2014 à 20:34

 
http://www.oocities.org/waddle_thepenguin/images/addyplaque.jpg


 Je lisais beaucoup de Comics quand j'étais plus jeune. J'en lis toujours, mais particulièrement à cette époque là. J'avais commencé vers 6-7 quand mon père m'avait acheté un spider-man. Puis, à chaque fois qu'on allait au tabac, pour ses cigares, il me prenait un autre numéro, et je m'empressait de le lire. Souvent des spider-man ou X-men.

J'ai 10 ans, et en regardant la télé, j'imagine un nouveau moyen d'inoculer des vaccins.

Puis en 2000 y a eu un film X-men. Je suis allé le voir avec un ami de l'époque. J'ai bien aimé. C'était pas conforme aux comics, mais j'ai aimé quand même. Du coup je me suis mis a acheter plus de comics, pour en savoir plus sur l'histoire, et les personnages, etc.
Les X-men, ça parle de mutants. C'est des gens, des humains, mais vers l'adolescence (parfois avant, ou apres) il mutent. Il changent. La plupart développent des pouvoirs, d'autres changent d'apparence. Mais quasiment tous finissent par être plus ou moins mis à l'écart, car ils sont différents. Ils effraient, car ils ne semblent pas vraiment "humains" aux yeux des autres, des non-mutants, et comme personne ne comprend vraiment ce qu'ils sont, il font peur. Heureusement, le professeur Charles Xavier a créé un institut pour les accueillir et les aider à développer leurs dons dans un endroit protéger, entourés de gens "comme eux".

J'ai 7 ans, et mon père me fait jouer à un jeu sur l'ordinateur. Je ne comprends pas bien, mais il me dit que ça veut dire que j'ai un QI de plus de 130. Je retourne jouer.

A cette époque, je me sentais un peu différent et, comme les jeunes de nos jours qui voulaient recevoir une lettre de poudlard, je pensais que, moi aussi, quand je serais adolescent, un bonhomme chauve et bienveillant viendrait frapper à ma porte et m'annoncer que j'étais différent. Et je serais allé à l'institut Xavier pour les jeunes surdoués, et j'aurais appris à maitriser ma différence, entouré de personne comme moi.
Je suis devenu adolescent. J'ai attendu, ésperer. Xavier n'est jamais venu. Mais je suis devenu différent. J'étais différent. J'étais pas un mutant, j'ai pas de super pouvoir, je ne suis pas tout bleu, ou quoi que ce soit de la sorte. Juste, je suis différent. Je vois pas le monde de la même manière que les autres. C'était pas nouveau, j'ai toujours été différent de mes camarades. Je lisais du Stephen King à l'école primaire, des livres que ma mère me donnait. A 9ans j'apprenais l'anglais pour comprendre l'histoire de mon jeu. Je pensais pas comme les autres. Je comprenais pas comme les autres. Je voyais pas comme les autres. Je ressentais pas comme les autres. Ma mère me répétait souvent "tu es plus intelligent, tu peux faire plus de choses".
Je comprenais pas trop, parce que moi, j'arrivais pas. A l'école, il me demandait de faire des choses qui ne m'intéressaient pas, qui ne m'apportaient rien. Je me sentais bête, et perdu, qu'on attende de moi que je sois plus intelligent, mais qu'on me demande de faire comme les autres. Et surtout, que je n'y arrive pas. Pas vraiment. Pas comme les premiers de la classe. Ils ont même cru que je souffrais d'un retard, ou que j'étais gaucher ou quelque chose, car j'avais du mal a finir les exercices en même temps que les autres. Mais j'ai pris le rythme, et je suis rentré dans la norme. J'ai eu la moyenne. Jamais plus, jamais moins. Et on me répétait toujours "tu es plus intelligent, tu peux faire mieux que ça".

J'ai 16 ans, et personne ne semble me comprendre. Il parait que c'est l'adolescence. Ca veut dire qu'il finiront par voir ce que je vois? Peut-être que je serais normal quand ce sera fini.

A l'adolescence, j'ai suivi. Suivi les autres. J'étais silencieux, discret. Je regardais, j'écoutais, j'étais attentif. Mais j'étais seul. J'avais des amis, quelques uns, mais j'étais pas vraiment avec eux. Je m'adaptais. Je me fondais dans la masse. Je sais faire ça. C'est facile. Les gens sont simples, ils ont des attentes simples. Parfois ils me parlent de choses que je ne connais pas, mais c'est pas grave, je peux les faire rire. Je peux être comme eux. Un peu...
Ca a marché. En apparence du moins. En réalité, j'ai commencé a me sentir très mal à cette époque. J'avais l'impression qu'on attendait beaucoup de moi, beaucoup trop, mais quelque chose n'allait pas. J'ai commencé a me mutiler. C'est un mot que je n'aime pas beaucoup, mais c'est comme ça qu'ils disent. Moi je regardais juste le sang couler. Ca avait quelque chose d'apaisant. C'était une manière d'évacuer la colère et la frustration. La frustration de ne pas être assez bien. Assez comme il faut. Assez comme les autres. La frustration de ne pas satisfaire les attentes des autres vis-à-vis de moi.
Personne ne savait. Pendant longtemps, personne n'a su. Les gens s'arrêtent aux façades. Ce qu'il y a derrière les effrai. Savoir que quelqu'un va mal, c'est se sentir obligé de l'aider, et aider quelqu'un est une grosse responsabilité. Peu de gens veulent assumer ça. C'est plus facile d'ignorer. Et je suis bon pour cacher quand ça va pas. Je sais les faire rire. Je suis drôle, donc je ne peux pas être malheureux, hein?
Au lycée, ca ne s'est pas vraiment amélioré. On m'a dit d'aller en S parce que ca ouvre toutes les portes, mais j'étais pas assez bon en math. J'aimais pas les maths. Trop compliqué. Non, trop abstrait. Pas compliqué. Je m'y suis intéressé un jour, pour rire, et j'ai compris. très bien. Juste, j'aime pas, alors je n'ai pas fait. Donc j'étais mauvais. C'est comme ça l'école hein? Quand on fait pas comme c'est demandé, c'est qu'on n'est pas bon. Alors j'étais pas bon. Mais je suis allé en seconde dans un lycée technique, parce que si je peux pas faire S, je peux faire STI ou quelque chose comme ça. Ma mère me dit que c'est bien. J'ai pas envie, mais je sais pas quoi faire d'autre. Mais j'aime pas. Je me sens perdu, et entouré d'idiots. Je conserve la moyenne, parce que j'ai pas envie d'avoir moins et de donner raison à mon beau-père, mais je me sens mal. Sauf en français et en anglais, ou j'excelle. Pas étonnant. Mais je finis par redoubler. Ma mère ne comprend pas. "Tu es intelligent, bouge!". Intelligent? Tu as vu mes notes?

J'ai 13 ans, et les gens de mon âge me paraisse tellement limités. Je m'entends mieux avec les adultes. Ils comprennent quand je dis des choses. Le plus souvent du moins. J'ai battu mon beau père à une dictée.

Une deuxième année, comme la première, mais je passe de juste en première. Et après deux semaines, on décide d'une réorientation grâce à un conseiller d'orientation. Je me retrouve en 1ère L. Il y a des filles. Et peu de garçons. Le lycée est coloré, plus chaud, plus chaleureux. Plus accueillant. Je me sens mieux ici. Les matières sont plus simples. Mes notes remontent un peu. Je me sens un peu mieux. Mais les cicatrices s'accumulent toujours. Jamais sur les poignets car je ne cherche pas à me tuer. Juste le torse, et les bras. Personne ne voit là. Personne ne sait. Ils n'ont pas besoin de savoir. Ils me prendraient pour un fou.
Je me fais des amis. On me voit. On s'intéresse à moi. Je réussis assez bien, malgré le peu d'effort que je fournis et les nombreux devoir fait la veille en vitesse. Je passe même en terminale facilement, malgré le bac blanc que tout le monde semble craindre. Je le passe facilement, sans réviser. Les oraux sont faciles.

J'ai 18 ans, et elle me dit encore que je suis trop bizarre. C'est pas la première à me le dire. Ca me fait mal. Toujours. Je ne veux pas être bizarre. Je veux juste être normal moi aussi...

Mais parfois, je craque. Je me sens toujours enfermé dans quelque chose que je n'arrive pas à définir. Je suis toujours obligé de mentir, de cacher un pan de ce que je suis, parce que je sens que les autres ne sont pas prêts. Et quand la frustration est trop forte....
J'ai fais une erreur. C'est superficiel, et je peux essayer de cacher derrière mes cheveux, mais une coupure au visage, ça se voit. Alors plusieurs... C'était idiot. Idiot idiot idiot. Quelqu'un le voit. Elle le remarque, me demande si c'est moi qui l'ai fait. Non, je me suis griffé pendant la nuit. Excuses, excuses. Ne pas recommencer. Pas le visage.
Je rencontre une fille cette année là. Et pour la première fois, j'arrête. Elle me fait me sentir bien. Alors je n'ai plus de raison de me faire du mal. Elle est bien. On est bien.
Je passe mon bac. Pas de mention, mais tout le monde est heureux.
Les années qui suivent sont chaotique. Ma vie se casse la figure. Je la perds bêtement. Je fais des erreurs. Le monde devient sombre. L'incompréhension règne. Le silence est d'or. Mon silence. Le silence du poids que je porte encore et que je n'arrive pas à exprimer. Pourraient-ils seulement le comprendre? Pourraient-ils me comprendre? Je vois que non. Leurs esprits sont simples. Qu'y-a-t-il de si complexe dans le mien? Pourquoi ne suis-je pas juste comme eux? Simplement comme eux? Simple...

J'ai 25, et les 4 dernières années ont été un gâchis monstrueux. Un amas d'échecs. Et cette émission.
Il y a quelque jours, je tombe sur cette émission. Sur les surdoués. Les adultes surdoués pour être précis. Le reportage me parle. Beaucoup trop. Mais je dois rêver. Je regarde juste, je me sens touché. Je finis par chercher son livre, je veux être sûr. Au pire, je me serais trompé.
Mais non. A chaque page, je vois mes questions, mes mots. Mes phrases. Mes ressenti. Ma vision du monde. Je souris quand je lis quelque chose que j'ai pensé, écrit mot pour mot par quelqu'un que je ne connais pas. Mon coeur se tord quand je vois mes craintes, mes blessures, là, sur ce papier. Ma vie subitement se débloque, prend un sens. Je ne suis pas fou. Juste différent.
J'ai appris que je suis une personne à haut potentiel intellectuel. Un surdoué. Mais pas comme à la télé, pas comme on nous fait croire. Je suis pas juste plus intelligent. Je pense différemment, je vois différemment. Je ressens différemment. Plus fort. Plus vite.

J'ai 25 ans, et aujourd'hui, le professeur Xavier est venu me trouver. Je suis un mutant. Le monde ne me comprend pas, parce que je suis différent, mais je sais que je ne suis pas une erreur, pas un fou. Je suis juste différent. Mais cette fois, je ne suis plus seul.

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